Une fois la frontière passée, on se dirige vers le nord du Rio Grande do Sul, premier état brésilien que nous parcourons. On se rend vite compte que les proportions ne seront plus les mêmes qu’en Uruguay ou en Europe : le Brésil est immense, et les distances entre deux étapes se comptent très vite en centaines de kilomètres. Nous commençons par traverser une zone humide entre l’océan et deux lagunes, où on observe le long des routes des tatous, des carpinchos, et des tas d’oiseaux. On fait une halte dans une petite ville avec un joli panorama sur la lagune, une petite plage (mais encore trop froid pour se baigner !). J’avoue être un peu flippé le premier soir de dormir dans la rue au Brésil. On passe une bonne nuit et on se rassure jour après jour sur notre capacité à voyager en sécurité, en recoupant les informations sur Ioverlander (appli de voyageurs) et des riverains : dans les coins paumés tranquilles on dort dans la rue, et quand on a le moindre doute on trouve des parkings surveillés ou des campings.
On commence à échanger avec les brésiliens, qui sont globalement aussi chaleureux que les uruguayens. Par contre ils ne parlent souvent que le portugais, et on se rend compte qu’il va y avoir du boulot, on passe donc la seconde sur Duolingo ! En attendant on arrive quand même à tenir des échanges simples en parlant un espagnol approximatif agrémenté de quelques mots de portugais appris au fur et à mesure.
Après 600km en passant par Porte Alegre, ses innombrables ponts, ses favelas et sa skyline, on arrive à Bento Gonçalves. C’est à côté de cette ville que se situe notre première étape : la vale dos vinhedos, qui se situe dans une région montagneuse où des immigrés italiens se sont installés pour faire du vin. Ils sont bons ces italiens… On ne s’est pas fait prier pour gouter, notamment un délicieux mousseux lors d’une agréable journée au cours de laquelle nous avons fait une dégustation, un petit resto, et une jolie balade, guidés par Kyra la chienne avide de câlins !
On met ensuite le cap sur la montagne à proprement parler. Première halte à Canela, jolie ville très touristique au style bavarois surprenant au premier abord (maisons à colombages), même si on verra plus tard de nombreuses villes de ce style. Les descendants d’allemands et d’italiens arrivés au 19 et 20e siècles sont à l’origine d’une bonne proportion de la population de cette région sud du Brésil. On visite un parc naturel magnifique dont le principal point d’intérêt est une chute d’eau massive gisant d’une immense forêt montagneuse. On se sent tout petit face à cette nature grandiose, une sensation qui devrait revenir souvent pendant ce voyage ! 😊
On enchaine sur une belle balade sur le flanc d’un canyon perdu dans la forêt. L’accès au canyon se fait par 10km de piste cahoteuse. On roule plus franco qu’au voyage précédent, comme on nous l’a souvent conseillé, et finalement c’est vrai que ça secoue moins. Et on se dit que oui, notre camping car prend peut-être un peu cher mais que c’est le jeu, on réparera ! En tout cas on est beaucoup moins stressés là-dessus qu’il y a 5 ans et ça fait du bien !
On passe ensuite dans l’état de Santa Catarina, où on finit par arriver à Guarda do Embau. Et là, c’est le bonheur : ça y est, il fait bon, la plage est carte-postalesque : sable blanc, sur une lagune tranquille avec l’océan à 10mn de rame, palmiers, bar de plage avec caïpirinha et poisson frais, l’ensemble cerné par des montagnes couvertes par la Mata Atlantica, la dense forêt bordant l’océan. Le bled en lui-même est très mignon, une petite station balnéaire paumée. On est garés juste à côté de la plage, dans un parking payant tenu par un petit papi qui passe ses journées allongé dans une cabane à faire la sieste. On passe nos journées à la plage, l’eau est bonne, la musique et les caïpi aussi. Un sentier longeant le littoral et passant dans la forêt nous mène à une plage complètement isolée, comme il y en a des dizaines dans le secteur. L’ambiance vacances sous les tropiques pointe le bout de son nez et on s’en réjouit, c’est ce dont on rêve pour le début de notre voyage, histoire de bien décrocher !
On arrive ensuite à Florianopolis, une des plus grandes stations balnéaires du Brésil, située sur une grande île avec d’innombrables plages, pour tous les goûts. La météo étant mauvaise, on en profite surtout pour régler quelques problèmes de Francine, notamment de gaz pour enfin pouvoir nous servir de notre frigo et de nos plaques de cuisson au gaz qui étaient HS depuis le début du voyage. On fait faire ça dans un atelier de camping car qui nous laisse dormir sur place pendant les réparations. On en sort au bout de 24h avec une Francine comme neuve ! Avant de quitter Florianopolis on fait un saut dans le vieux quartier portugais où on mange un délicieux poulpe grillé.
Après une nuit infernale dans une station-service bordant une autoroute saturée de camions (on n’a pas le double vitrage), on passe une journée à Curitiba, une grande ville réputée pour son urbanisme avant-gardiste, notamment son réseau de bus ultra performant. On y visite le quartier colonial historique et le musée Oscar Niemeyer, conçu par l’illustre architecte brésilien, un chouette musée d’art moderne et historique qui inclue un atelier créatif pour les enfants, et un tableau peint avec du caca, qui n’a pas manqué d’alimenter nos conversations pendant des heures. Ah il y avait aussi un tas d’ongles, du même artiste.
Le lendemain on fait un saut à Morretes, jolie ville dans les montagnes verdoyantes où on déguste le plat typique : le barreado, une sorte de boeuf bourguignon local avec haricots mijotés des heures, servi avec une farine (la farofa) qu’on ajoute à sa guise pour épaissir la sauce. Le serveur me renverse l’assiette au-dessus de la tête pour nous montrer le changement de texture, me garantissant qu’il n’y a jamais eu d’accident. Oli et Lolotte goûtent enfin l’eau de coco directement dans la coco fraîchement coupée, depuis le temps qu’elles en parlaient ! On lance un petit lavage de cuve d’eau propre du camping car (avec des pastilles steradent !), puis on rejoint l’autoroute de la côte via une petite route de montagne pour le moins sinueuse.
On passe ensuite à Peruibe, super journée à la plage mais tempête imprévue le soir avec des vents costauds et une grande marée avec l’océan qui déborde dans la rue, offrant un petit bain à Francine à l’occasion d’une vague particulièrement vigoureuse ! Depuis c’est météo 2 fois par jour !
Nous arrivons enfin à Sao Paulo ville tentaculaire (la plus grande d’Amérique !), que nous avions prévu de contourner, mais que nous avons finalement dû traverser de part en part pour nous rendre chez le seul réparateur de camping car de la ville afin de régler notre problème récidivant de frigo. C’est Nanie qui est au volant, et pendant 2h, elle manœuvre Francine entre viaducs gigantesques et tunnels dans la montagne qui nous font passer de manière assez brutale d’un paysage de montagne recouverte de jungle à une agglomération infinie avec ses autoroutes à 12 voies (6 de chaque côté) et sa skyline, ses favelas à perte de vue, son downtown lugubre à souhait où on pressait le feu de passer au vert, et son méli mélo de rues escarpées nous amenant finalement dans le petit atelier du réparateur. Ouf ! On croise les doigts pour qu’il nous évite de passer la nuit à Sao Paulo, et son efficacité est à la hauteur de nos espérances : 1h30 après notre frigo est réparé, avec quelques bricoles en plus (ma tondeuse marche sur l’allume cigare maintenant <3). On lève le camp dans la foulée, je prends le relai et on finit par sortir définitivement de l’agglomération environs 2h après, vaccinés des grandes villes en camping car, si on ne l’était pas déjà !