Ça y est nous y sommes ! Après un voyage fatiguant, nous sommes dans notre airBNB à Montevideo. C’est une très jolie ville, et la première chose qui nous frappe est qu’il y a des arbres partout. Tous les 10m, sur des avenues entières. Et pas des géraniums : de grands feuillus qui couvrent d’ombre toute la rue, ce qui est bien agréable en cette fin de printemps ensoleillée. Nous n’avons que survolé les rues de la ville, qui portent souvent le nom des pays ou capitales d’Amérique Latine, nous rappelant les différentes étapes de notre voyage. L’architecture, domaine dans lequel mes notions sont très vagues, est un mélange de quelques jolis bâtiments d’allure coloniale, d’autres plus récents et basiques, assez moches, et de quelques édifices officiels dont certains vraiment majestueux. Les plages sont bordées de jolies promenades, mais derrière on a quand même droit à de bonnes grosses montagnes de béton, à l’espagnole. Globalement c’est une ville très agréable à arpenter, avec certains quartiers très animés.
Montevideo se situe à l’embouchure dans l’Atlantique du Rio Plata, grand fleuve qui sépare l’Uruguay de l’Argentine, avec Buenos Aires de l’autre côté, un peu plus en amont. La ville est bordée d’un grand port avec ses innombrables grues et containers, puis de plusieurs jolies plages de sable clair, très fréquentées. Nous avons passé plusieurs nuits entre deux d’entre elles, sur une avancée avec des places de parking face à la mer. Chaque soir de nombreux locaux viennent soit y pêcher, soit contempler le large depuis leur voiture, la plupart du temps en sirotant un maté, la boisson officielle ici et en Argentine. C’est une infusion faite de multiples plantes, et qui se boit de façon très protocolisée dans une tasse où baignent les herbes, d’où sort une paille rigide et filtrante, et qui est régulièrement rechargée en eau chaude grâce à un thermos, l’ensemble semblant être le kit minimal indispensable que tout uruguayen qui se respecte emporte partout avec lui. On est impatients de goûter ça. En attendant, on boit du rhum !
Nous avons fait de jolies ballades sur la plage, et les filles ont pu chahuter dans les vaguelettes, un mois après avoir trempé leurs petits pieds dans les vagues de Biscarrosse, de l’autre côté, toutes aussi fraîches (19° environs en cette fin de printemps).
Dès notre arrivée, nous avons formé deux groupes : Lolotte et Nanie pour les courses, et Oli et moi pour aller récupérer le camping-car.
Je ne détaillerai pas les innombrables démarches administratives nécessaires à la récupération d’un véhicule au port de Montevideo, mais ça m’a évoqué la « maison qui rend fou » dans les 12 travaux d’Astérix, je pense que ça parlera à certains ! Oli m’a vaillamment assisté les deux matinées, chantant « un km à pied ça use les souliers », et me faisant des papouilles dans les cheveux, assise sur mes épaules, pour me donner du courage pendant nos multiples va et viens. Nous nous sommes même fait un petit resto en amoureux, et je pense que les serveurs sont encore en train de nettoyer les morceaux de croque-monsieur et les flaques de jus d’orange. J’entends déjà certaines mauvaises langues demander lequel de nous deux était à l’origine de tout ça… Mais en début d’après-midi, c’était le KO, et il a fallu aller mettre tout ça à la sieste avec l’autre équipe, avant de poursuivre les hostilités sans ma partenaire.
J’ai fini par récupérer Francisco le lendemain, planqué derrière une bâtisse du port. Nous n’avons pas perdu de temps pour lever le camp de notre airBNB et faire notre première virée tous ensemble dans les rues de Montevideo, pour rejoindre notre premier campement. C’est à ce moment là je pense que nous avons réalisé que nous étions partis pour un long voyage dans un continent lointain, avec toute la joie et l’excitation qui vont avec, remplaçant assez rapidement le stress et la fatigue !
Nous avons tous bien repris nos marques dans Francisco, et notre quotidien s’annonce très agréable, une fois que nous aurons fini de gérer tous les ennuis de début de voyage. Réveil par les gazouillis de nos choupettes, étirements face à la mer, petit dej en famille et en musique, balade du matin, de l’après-midi, jeux et histoires, éclats de rires et hurlements, apéro du soir quand les trolls sont enfin au lit.
Au registre des « trucs chiants », il y a le fait que nous nous soyons fait voler quelques affaires pendant la traversée en bateau : les outils les plus précieux, et la guitare. Pas si grave, ça se rachète, et il n’y a pas eu de casse. Il y a aussi l’installation d’une bouteille de gaz uruguayenne qui m’a pris les deux journées suivantes, à courir entre 3 magasins de bouteilles, et matériel, jusqu’à ce que ça se décide enfin à fonctionner. Et puis la fuite d’eau au niveau de la chaudière, samedi matin après notre première et tant convoitée douche, quand nous pensions avoir fini de tout gérer… Et qui nous a menée à trouver Julio, l’homme qui répare les camping-cars européens tant bien que mal, avec les moyens du bord. Et puis la pauvre Oli qui a attrapé la crève que je me trainais depuis notre départ, et qui a passé une journée entière à dormir entre deux dolipranes-câlins. Mais le lendemain elle avait déjà vaincu la fièvre uruguayenne.
Bon OK ça fait pas mal de trucs chiants et on est un peu coincés à Montevideo depuis une semaine, mais on se dit qu’il vaut mieux apprendre à gérer tout ça le plus rapidement possible pour prendre une routine sereine dès le début. Finalement la seule chose qui pose vraiment problème est de devoir laisser les filles mariner des heures dans le camping-car pendant qu’on gère les affaires : elles tournent en rond et n’aiment pas ça.
Et puis à l’heure ou je boucle mon premier mot dans ce blog, nous sommes à 30mn de Montevideo, dans un lieu magnifique en pleine nature, entourés d’arbres, près d’une plage sauvage, ou les uruguayens viennent en famille faire leur asado (barbecue) dominical sur fond de cumbia ou de rock (ils sont très rock !). On a sorti la table et les chaises, le hamac, on est enfin posés hors de notre camping-car, et c’est déjà un tel bonheur ! Les filles ont joué dans l’eau et le sable, on a pris l’apéro dehors, Nanie a fait sa sieste dans le hamac, j’ai été courir un peu, et là je tapote sur mon clavier en attendant que tout le monde se réveille, sur fond de vagues et de vent dans les feuilles… On y est ! On ne prévoyait pas de passer beaucoup de temps dans les grandes villes, eh bien maintenant c’est une certitude !
Ghislain
novembre 14, 2019 at 10:08Super texte. Magnifiques photos. Vous êtes radieux. Je me sens avec vous. C’est du bonheur.