PARTIE 2/2 – De Aguas Calientes à Samaipata

On arrive à Aguas Calientes sous la pluie, c’est un petit village perdu sur la route de Santa Cruz, dans le Pantanal bolivien qui est bien plus vert et humide que du côté brésilien. Francine patauge dans des chemins boueux au point que l’on craint de s’enliser. On s’arrête dans une épicerie insalubre aux gérants antipathiques où j’achète le strict nécessaire. On finit par arriver au camping, désert, mignon sous les arbres et bien entretenu, mais inévitablement détrempé… On s’arrête enfin et ça tombe bien parce que je n’en peux plus nerveusement, trop de trucs chiants et de cons à gérer depuis 2 jours… d’ailleurs je dis clairement à tout le monde que j’ai besoin de m’isoler pour souffler un peu, et qu’il pourrait être dangereux d’entrer en contact avec moi à ce moment-là. Mes chéries sont sympas avec moi et me laissent cuver mon envie de détruire le monde dans mon coin. J’en profite pour faire une page de pub pour la méditation pleine conscience car sans elle j’aurais probablement beaucoup moins bien vécu tout ça et été bien plus odieux, provoquant sans nul doute une sur-crise intra familiale comme je sais bien le faire dans ces moments-là…

On va rapidement au ponton donnant sur la rivière, au fond du camping. Elle est assez large, en pleine forêt. Sous la pluie fraîche, on s’immerge dans les eaux fumantes qui doivent êtres à 35° du fait du volcanisme. Un pur régal. Le calme est absolu, seulement perturbé par le bruit des oiseaux et les clapotis de l’eau. Toute forme de stress ou d’envie de détruire le monde s’évapore instantanément, c’est miraculeux. Encore mieux qu’au Calicéo de Bruges. En plus il n’y a que peu de courant et on a pied partout, les filles peuvent jouer un peu plus loin, libérées de papa et maman qui depuis 2 jours ne sont pas des plus cool…

On se pose ensuite devant un bon Harry Potter de 2h30 pendant que la pluie tombe dehors. J’en profite pour bricoler 2/3 trucs, je me rase la tête à l’ancienne, et je retourne me baigner seul à la tombée du soir avant d’aller cuisiner des pâtes qu’on déguste peinards pendant qu’Harry finit de marraver Voldemort, ce qui achèvera de nous réconcilier avec cette journée. On décide même finalement de rester la journée et nuit du lendemain, pour continuer à profiter de ce havre de paix.

La reprise des cours après une grosse semaine de vacances est difficile, et on finit par faire un petit conseil de famille improvisé où chacun vide son sac. Lolotte pleure à chaudes larmes en disant que ses copines et l’ambiance de classe lui manquent. Oli ajoute que l’émulation de la classe lui manque aussi, et que sans ça c’est plus difficile de rester motivée. Nanie enchaine sur le fait que c’est très frustrant de perdre du temps à traîner et râler alors que tout pourrait être fait plus vite et dans une meilleure atmosphère comme c’est parfois le cas. L’ambiance devient bien plus constructive, on se redit que ce voyage sert aussi à mesurer tout ce qu’on a à Créon, et qu’on doit s’efforcer de se voir comme une équipe soudée qui doit boucler ce programme. On se dit aussi qu’on va renforcer la présence de l’ATSEM (moi) parce c’est quand même bien plus agréable pour tout le monde quand on a 2 binômes. On entrevoit d’ailleurs mieux ce que peut être le travail d’un professeur dans une classe de 25/30/35 élèves… Beau, passionnant, fondamental, certes. Mais faut quand même se les fader ces petits merdeux. Big up aux copains profs !

On se retrempe les fesses, on retrouve Harry qui bouillav Voldemort devant une bonne soupe, et le lendemain on est d’attaque pour la suite !

 

On arrive à Santa Cruz, capitale économique et plus grande ville de Bolivie. On se rend à une station service où le prix du gasoil quadruplé nous évite les files de camions de plusieurs centaines de mètres, se traduisant souvent par des nuits entières d’attente.

On passe laborieusement l’agglomération pour arriver dans la jolie petite ville de Porongo où se situent nos prochains hôtes. Le chemin de terre final où on arrive de nuit et sous la pluie, est détrempé avec un passage ardu pour Francine, si bien qu’on envisage de faire demi-tour. Je lui offre d’ailleurs pour l’occasion un joli trou dans la carrosserie à l’arrière (vite rebouché), ce qui fait monter la tension assez brutalement. Violaine, la gérante, inquiète de notre retard, nous rejoint pour nous guider. Nous voyant fatigués et stressés par cette grosse journée de route soldée par un petit accrochage, elle nous fait visiter notre emplacement et nous donne RDV le lendemain matin pour le petit déj.

On découvre le lendemain la Orilla de Porongo, un domaine situé dans une jolie clairière d’un hectare crée ex nihilio par Violaine et Stéphane, avec leurs enfants Ilan et Esteban.

Violaine nous sert un délicieux petit déjeuner maison, pendant qu’on fait connaissance avec cette attachante famille. Les filles accrochent direct avec Esteban, 10 ans, et son chien Nour, et passent 3 jours à s’éclater dehors : taille de bout de bois avec leurs opinels d’éclaireuses, cache cache, discussions sur le trampoline… on ne les a vues que pour les repas.

Pendant ce temps, Stéphane et Violaine nous racontent être arrivés en Bolivie 15 ans plus tôt, attirés notamment par l’espoir humaniste que représentait l’élection d’Evo Morales, premier président indigène de l’histoire de l’Amérique du Sud. De l’avis de l’ensemble de nos interlocuteurs boliviens, le bilan des mandats d’Evo est franchement mitigé notamment du fait de la corruption profondément enracinée dans le pays. Mais l’expérience de cette famille est indéniablement positive, notamment avec la création de ce qui a été initialement conçu comme un tiers-lieu voué à créer une énergie collective humaniste et écologiste rassemblant les gens du coin. Et même si on perçoit une pointe d’amertume, nos 3 jours ici, à l’occasion de nombreuses et agréables discussions, nous ont donné matière à réfléchir. Et à lire : Stéphane, ancien libraire engagé, prend un grand plaisir à donner des conseils. On a de quoi lire pour les 5 prochaines années !

Le dernier jour c’est Halloween : les enfants se font des déguisements, et creusent des courges avant d’aller racketter les habitants de Porongo pendant qu’on boit un coup et mange un morceau au bar du coin.

Finalement on repart de Porongo en ayant l’impression d’avoir passé 3 jours chez de bons amis, précieuse sensation quand on voyage loin de chez soi.

Le départ de Porongo est assez déprimant, sans surprise. Mais on arrive assez vite à ce qu’on attendait depuis un bon moment : le début de la Cordillère des Andes. Rapidement, ça devient grandiose. On est vite requinqués : place au chapitre 2 de notre voyage !

Après un petit détour par un sympathique jardin d’observation de colibris, on arrive à Samaipata, petite ville dans la montagne, importante étape touristique bolivienne réputée pour la beauté de son cadre et sa beauté propre. Manque de bol, la météo est globalement pourrie, ce qui nous prive des balades dans les alentours, mais quelques rayons de soleils nous permettent de profiter de la ville 1 jour et 2 nuits. Pour la petite anecdote, des coupures de courants nous mèneront à visiter un musée d’histoire dans le noir, et ce dernier point nous sera annoncé juste après le paiement, avec le conseil gratuit de nous servir de la lumière de nos téléphones pour mieux voir.

Maîtresse Nanie fait les évaluations de fin de trimestre que les filles réussissent largement, et on se réjouit tous de voir que les efforts de tous ont payé. Et pour fêter ça, je vous le donne en mille : apéro, pâtes, Harry Potter sous la pluie.

On lève le camp pour Sucre avec une journée de route de montagne, passant brutalement d’un paysage verdoyant à un autre beaucoup plus aride, où la roche est très présente, avec de nombreuses teintes différentes. On en prend plein les yeux jusqu’à notre arrivée aux abords de Sucre où on se met à monter brutalement sur une petite route assez congestionnée, jusqu’ à atteindre des hauteurs assez vertigineuses où on finit par apercevoir la belle Sucre !

2 thoughts on “De Bonito à Samaipata – Partie 2

  1. N’avez-vous pas de soucis avec les stations services pour vous réalimenter ?
    On comprend que de temps en temps, ce soit lourd de voyager!

  2. Nous avons réussi à faire un plein à Santa Cruz sans problème dans une station pour étrangers (double du prix), puis à Sucre avec des autorisations spéciales dans le ministère des hydrocarbures. Mais malheureusement ce gasoil était très sale et il nous a mis en panne ;/

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