De la Pampa à la Patagonie

Après avoir passé la frontière et géré nos petites affaires à Gualeguaychú (achat d’un pneu de secours neuf car celui dans notre cale avait 20 ans, réparation du pare-brise qui s’était un peu décollé, achat d’une bouteille de gaz argentine pour remplacer l’uruguayenne pas très commune), nous avons décidé de prendre directement la route pour la patagonie. Nous voulons profiter de l’été pour pouvoir nous balader au maximum. En patagonie il fait vite froid, et il peut peut pleuvoir en toute saison. Alors on fonce tant qu’on a le plus de chances qu’il fasse beau et chaud !

2000km nous attendent, mais ça tombe plutôt bien, la météo n’était pas au beau fixe quand nous avons attaqué le périple. Nous avons quand même réussi à faire une balade sympa dans la ville de San Antonio de Areco au nord de la province de la Pampa. Cette ville est un peu le fief des gauchos argentins, on croirait que les hommes sont déguisés tellement ils sont bien habillés et beaux avec leurs chapeaux qui ressemblent à des berets géants. Après un resto des plus éclairs avec une Lolotte trèèès fatiguée et notre bouteille de vin express hebdomadaire nous descendons doucement vers Bariloche.

On réussit à conduire 2h par jour en moyenne, avec des pointes allant jusqu’à 3 ou 4h. La technique c’est de partir le matin quand les filles sont encore dans le gaz. Souvent elles se rendorment un peu. Et sinon on roule à l’heure de la sieste. Et quand les filles sont bien réveillées et commencent à gigoter un peu trop dans leurs sièges on sort notre arme secrète, les comptines ! Avec ces petites chansons magiques nous arrivons souvent à gagner 1h, quand Lolotte n’a pas faim bien évidemment, sinon c’est une autre histoire !

On essaie de ne pas faire de route en fin de journée, pour que les filles aient bien le temps de se dégourdir les jambes. Autant dire qu’on a écrémé tous les parcs pour enfants sur notre route. Balançoires et toboggans ça nous connaît, les filles sont devenues des grimpeuses professionnelles ! En Amérique latine l’enfant est roi, le moindre petit village a son parque infantil. Bon, parfois nous sommes tombés sur des vrais toboggans de la mort. Genre la piste noire réservée aux professionnels, tellement hauts et pentus qu’on se demande vraiment qui peut bien y monter dans se casser une jambes ou s’aplatir comme une crêpe 2 mètres plus bas.

Y a-t-il un lien de cause à effet je ne sais pas, mais ce qu’on n’avait pas encore vu en France ce sont des balançoires ou tourniquets pour handicapés. On en a croisé assez souvent, ça a l’air plutôt commun ici.


Nous avons donc traversé la province de la Pampa assez rapidement, en une semaine. Le nord-est ressemble pas mal à l’Uruguay, de grands champs verdoyants avec vaches et chevaux, parsemés de bosquets et de grands arbres. Puis très vite, vers Santa Rosa, on arrive dans une région quasi-désertique. On ne croise plus qu’un village tous les 150km, on se sent de vrais baroudeurs à traverser ces paysages.


Comme c’est le début de l’été, on commence à trouver des cerises et des pêches, Etienne nous prépare une bonne salade de fruits tous les matins, on se régale. Cette partie de la Pampa est aussi réputée pour ses fromages. Il y a pas mal de basques qui se sont installés dans le coin et qui ont formé les locaux, il y a même des argentins qui sont allés apprendre à faire des fromages dans les Pyrénées. Question alimentation on y trouve notre compte, entre les fromages et le kilo de boeuf à 5€, on se fait plaisir ! On avoue qu’on a un peu mis de côté nos résolutions d’écolos flexitariens pour l’instant. Mais ce n’est que partie remise !

On réussit à trouver des endroits sympas pour passer nos soirées, et même des piscines en plein air pour se rafraîchir en fin de journée. Les entrées ne sont vraiment pas chères, voire gratuites, et les filles adorent.
Pour l’anecdote, à Trenque Lauquen nous sommes tombés sur une piscine où les filles ont dû être inspectées à l’entrée pour vérifier qu’elles n’avaient ni poux ni verrues, tout ça pour arriver dans un mini bassin assez sale car plein d’insectes et de branches, où en plus nous n’avions pas le droit nous adultes d’y mettre les pieds, « pour raison d’hygiène ». Mais à part cette expérience surprenante nous sommes ravis de trouver plein d’endroits où barboter, surtout qu’on a eu des journées à 35°.

Après la traversée du désert et de Santa Rosa, nous arrivons à San Patricio del Chañar, dans la région de Neuquen. C’est une province où on fait beaucoup de vin, une vraie petite oasis. La première famille de vignerons à s’y être installée a aidé à faire monter un barrage pour apporter l’eau nécessaire aux cultures. Ce qui fait qu’au détour d’un virage le paysage change brutalement, d’un coup tout est vert et il y a de nouveau des arbres partout. On trouve des vignes et des plantations d’arbres fruitiers de chaque côté de la route, des petits villages un peu plus vivants, et les fameuses bodegas, nom donné aux exploitations viticoles. Il y en a peu, mais chacune fait pousser plusieurs cépages et propose plusieurs vins. Par contre on sert toujours le cru de l’année, ici on ne fait pas vieillir les vins.

Le 22 décembre nous sommes allés goûter les 5 vins de la bodega Malma (blanc pétillant, pinot noir, cabernet, merlot, malbec), autour d’un bon repas en terrasse. Le resto était désert, les filles ont pu jouer tranquillement sur la terrasse, et à la fin du repas nous avons pris le digestif avec de jeunes porteños (habitants de Buenos Aires) en vacances dans le coin avec leurs enfants. On parle de la vie en Argentine, de la crise économique qui touche tous les habitants depuis 4 ans, de politique, de tourisme… C’était un moment extra et bien arrosé !



Pour finir la journée tranquillement nous nous sommes posés dans le parc/camping municipal gratuit de San Patricio del Chañar. C’est un parc boisé immense avec des piletas (petites piscines) installées directement dans un cours d’eau. Il y a différents bassins qui se suivent, les enfants jouent dans l’eau et les parents boivent le maté dans l’herbe à côté. Un endroit au top pour les filles ! On peut ressortir la table de jardin et le hamac, il y a des parillas (barbecue) partout, nous décidons d’y passer le réveillon de Noël.



Nous rencontrons nos voisins pendant la sieste des filles. Ils nous font goûter le fameux Fernet-Coca dont ils boivent le mélange à même la bouteille de plastique coupée en deux au couteau. Toute la famille apporte des chaises et vient discuter avec nous, ils nous posent beaucoup de questions et nous confient qu’eux aussi, comme énormément d’argentins, souffrent beaucoup de la crise et que leur niveau de vie n’arrête pas de baisser depuis 4 ans.


Le 24 les filles ont droit à leurs pommes frites ketchup-mayonnaise-moutarde, nous à notre belle entrecôte-vin rouge. On s’offre aussi un bon apéro à base de vin pétillant et de Gancia + Sprite, le cocktail local, avec jus de pommes pour les filles. Beaucoup de familles sont venues passer le soir de Noël dans le parc, c’est très animé et il y a des grillades dans tous les sens.



Il y avait comme d’habitude de la musique à fond de tous les côtés, en Amérique latine les gens adorent pousser à fond le volume, peu importe à quelle distance dont les voisins. Ce qui fait que c’est souvent un brouhaha général, heureusement que la musique latino est sympa ! On se demande encore comment ils arrivent à discuter entre eux, et pourtant ils peuvent passer des heures à crier autour d’une enceinte lancée à bloc, ça n’a pas l’air de les déranger. Mais ce soir-là c’était Noël, il fallait faire un peu plus que d’habitude. On a donc eu droit à la surprise à 3h du matin d’une pseudo-discothèque en plein air, à 50 mètres de Francisco, avec animateur micro et danseurs des plus déchaînés, et ce jusqu’à 6h ! Heureusement les filles ont un sommeil de plomb.

Le lendemain matin le père Noël est passé et a déposé des cadeaux au pied du magnifique petit sapin que nous avons scotché à notre plan de travail. Les filles sont émerveillées, elles ont de nouvelles poupées, des fruits et légumes pour leur faire la dinette, et le plus beau cadeau à leur goût : un sachet de m&ms ! Etienne nous fait des pancakes au dulche de leche, on passe une matinée de Noël des plus mémorables.


En suivant nous reprenons la route et nous faisons un stop à Villa El Chocón pour y visiter le musée paléontologique. En effet c’est dans ce coin que fut découvert en 1993 le Giganotosaurus carolinii, un des dinosaures carnivores les plus grands du monde. Etienne est comme un gosse, c’était un passionné des dinosaures quand il était petit. Et les filles sont bien heureuses de pouvoir courir partout dans les couloirs et toucher à toutes ces choses interdites.


Le 27 nous arrivons à Junín de los Andes, une petite ville avec des maisons en bois et encore une fois plein de verdure. On fait une grande balade en famille puis nous tombons par hasard sur une pizzeria/bar à bières artisanales des plus sympas. La patagonie est très réputée pour son chocolat et ses bières locales, alors on en teste un avant-goût, accompagné d’une pizza géante dont la moitié nous aurait suffi pour 4 ! Lolotte drague encore une fois tout le restaurant, pendant qu’Oli se groinfre des éternelles frites au ketchup-mayonnaise-moutarde.



Le lendemain nous partons pour 2 jours dans le parque nacional Lanín, au bord du volcan Lanín avec son cône parfait et le magnifique lago Tromen à ses pieds.



On y fait nos premières randonnées en famille. La première de 3km jusqu’à un mirador duquel on a vue sur le volcan, le lac, et toute la vallée aux alentours. C’est magique !



Et le lendemain on est des fous, on sort le porte-bébé, le pique-nique, le drap et les jeux, même le hamac, et c’est parti pour 8km. On marche avec les filles sur le dos au rythme des chansons qu’elles nous chantent, on a des discussions philosophiques avec Olivia pendant que Charlotte s’émerveille de toutes les feuilles et fleurs qu’elle arrive à attraper. On fait notre super pique-nique au bord du lac, les filles trempent leurs petits pieds. Puis un frelon un peu envahissant nous fait reprendre la route un peu rapidement. 2km plus loin on s’apprête à faire une petite sieste dans la nature avec notre mini-tente pour enfants et le hamac. Mais là, oups, plus de hamac ! Etienne part à sa recherche mais revient très vite après s’être rappelé le panneau « attention aux pumas » qu’il y a à l’entrée du parc. Rapatriement express jusqu’au camping car ou on met les filles à la sieste puis Etienne s’est fait sa 2ème randonnée de la journée pour refaire la balade en sens inverse, cette fois en courant. Et ô coup de bol, il a retrouvé notre précieux hamac oublié sur la plage lors de la séance de fuite du frelon.



Le soir nous buvons quelques coups pour m’aider à oublier que le lendemain c’est mon anniversaire et pas des moindres, et à minuit Etienne m’offre un cadeau magique, une vidéo avec des messages de toute la famille et des amis ! Moment plein d’émotions, qui rappelle à quel point les gens nous manquent, combien on les aime, et combien ça fait chaud au cœur de se savoir aimé en retour.

Le 30 nous revenons faire étape à Junín, mais comme souvent les lundis beaucoup d’établissements sont fermés. On réussit à trinquer quand même dans une petite pizzeria où les filles font un dégât monstre, mais où elles font craquer tout le monde encore une fois !
Le lendemain nous partons pour San Martín de los Andes, nous faisons nos premiers pas sur la très attendue ruta 40. On approche enfin de la patagonie, à nous les paysages de montagne et les randonnées en famille !

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