De la côte uruguayenne à l’Argentine

Après plus de cinq semaines en Uruguay qui sont passées à une vitesse folle, nous voilà maintenant sur les routes de l’Argentine. J’ai enfin trouvé le temps d’écrire mon article, qui se retrouve assez long. Il ne devait initialement décrire que la suite de nos aventures sur la côte uruguayenne, mais un peu de retard je prolonge jusqu’à nos premiers jours en Argentine. Playlist mise à jour pour accompagner votre lecture !
C’est presque avec regret que nous avons quitté l’Uruguay, dont nous n’avons finalement arpenté que la côte. Et le sentiment de bien-être, de tranquillité, de « pénardise » absolue, ne nous a jamais laissé. Toujours un coin de plage désert aux pieds duquel garer notre Francisco, avec une petite parilla pour faire son asado, un ou deux arbres pour le hamac à l’ombre, un bled à côté pour les courses de base (steak et pinard uruguayen por supuesto), et quelques rares pêcheurs ou plagistes avec leur parasol et leur maté, toujours prêts à discuter un peu et à donner des infos. Et le week-end, le dimanche surtout, tout le monde vient en famille profiter du soleil autour d’un asado avec la musique souvent à fond (mais on pardonne plus facilement quand c’est de la cumbia ou de la salsa !), dans une ambiance à la fois festive et relax. Voilà le sentiment global que je garderai. Tranquilo, todo bien… Exactement ce qu’on espérait pour démarrer ce voyage, pouvoir décrocher de notre rythme de vie français pour le moins soutenu, surtout ces derniers mois avec la préparation du voyage, mariage, boulot, etc.
Ces dernières semaines, nous avons donc poursuivi notre chemin le long de la côte, en allant de Montevideo jusqu’à la frontière du Brésil.
Partant de Cuchilla Alta, petite ville bien tranquille où nous sommes passés deux fois en prolongeant à chaque fois de quelques jours, nous avons d’abord fait halte à Punta Ballena, au bord d’un grand lac. Nous y avons mis en application nos mesures anti-moustique suite a quelques trop courtes nuits à se faire dévorer par une armée de moustiques tigres, Lolotte étant la principale victime avec plus d’une vingtaine de boutons sur le visage au total… Moustiquaires+++, temps d’ouverture écourtés, baigon sur les encadrements de fenêtres, spirale antimoustique le soir… pas génial pour les deux derniers mais parfois, y a pas le choix !

Puis Nanie a pris le volant pour nous amener à La Paloma, après être passés par la grande station balnéaire Punta del Este, pleine de grands hôtels et boîtes de nuits où se donne rendez-vous la jet-set uruguayenne, argentine et brésilienne. Pas trop le délire des Ptidids. La Paloma, en revanche, est une petite station balnéaire déserte en cette fin novembre (grandes vacances locales à partir de mi-décembre), qui me rappelle un peu Vieux Boucau hors-saison. On sort les Kways parce que le vent est assez glacial ce jour-là, on se ballade devant le joli phare, les filles font une collection de coquilles de moules.
Le soir on se trouve un resto typique avec parilla (cuisson de viande au feu de bois), qui dispose, accrochez-vous, d’une SALLE DE JEU ENTIERE REMPLIE DE JOUETS. Le rêve. On se lâche, on commande le « brasero para dos » dont on rêvait depuis quelques jours avec une bonne bouteille de Don Pascual (le gato negro/castillo de diablo uruguayen). Et je vous le donne en mille, on n’a pas pu finir. Et pas la dernière feuille de salade que je laisse parfois pour garder ma dignité après avoir repris 3 fois de la tartiflette, non, on a laissé un grand bout d’entrecôte hyper bonne, accompagnée de son petit assaisonnement à base de persil, huile, oignon, citron. On est sortis du resto semi comateux. En fait pour faire simple, en Uruguay, il faut prendre un plat pour deux bons appétits, et il nous arrive de prendre un plat pour nous 4 avec un peu de frites en plus. Et avec du « ketssup » et de la « nanonaise » pour Oli et Lolotte qui se passionnent pour la gastronomie Américaine !
Nous avons par ailleurs fait une chouette rencontre dans ce resto sur l’initiative de Nanie, avec Alvaro, Edena et leurs enfants, une sympathique petite famille de Montevideo venue passer le week end ici, et qui nous ont un peu raconté la politique en Uruguay, avec notamment le droit de vote obligatoire qui expliquait peut-être la masse de militants et de drapeaux que nous croisions en permanence à une semaine des élections présidentielles. Celles-ci opposaient deux candidats. Le candidat du Frente Amplio, Daniel Martinez, parti de gauche au pouvoir depuis une quinzaine d’années avec notamment la présidence de Jose Muijica, un personnage assez haut en couleurs, résistant et torturé plusieurs années pendant la dictature des années 70/80, et ayant marqué son mandat par des avancées sociales comme le droit à l’avortement ou l’amélioration des services publics, notamment de l’école ou de l’hôpital, d’autres plus anecdotiques comme la légalisation du cannabis. Malgré cette image positive de notre point de vue, la majorité des gens à qui nous avons parlé paraissaient déçus, évoquant parfois des mesures « poudre aux yeux » sans avancées de fond. Et c’est d’ailleurs son rival du centre droit, Luis Lacalle Pou, fils d’un ancien président à la réputation salie par la corruption de ce que nous avons pu entendre, qui a gagné les élections le 24 novembre.

Le lendemain nous avons fait quelques kilomètres sur un chemin assez « tape-cul » pour un camping-car, pour nous arrêter sur la fine bande de terre qui sépare la Laguna Rocha de l’océan. C’est une réserve naturelle protégée, on y voit des tas d’oiseaux comme des cygnes, des hérons, et plein d’autres que nous ne connaissions pas, en plus des mouettes et des perruches habituelles. Une jolie ballade soleil couchant nous a amené sur la partie de la lagune qui s’ouvre périodiquement dans la mer. La nuit fut d’un calme magique, seuls au milieu de tout ça, le ciel étoilé, etc !
Attention, il est conseillé à ceux qui n’ont pas d’enfant de sauter les deux prochains paragraphes qui s’adressent plutôt aux fans de nos deux trolls… Dans le registre des avancées, on a décidé de laisser Olivia et son appétit d’oiseau se servir sa propre assiette plutôt que de lui servir une grande gamelle qu’elle ne finit jamais, et le résultat est plutôt positif : elle mange un peu plus, et surtout les repas se terminent moins en pugilat ! On essaie aussi de la faire participer à la réalisation des repas (elle épluche et aide à couper les bananes du matin), on va moins au combat pour la faire manger à tout prix (au moins trois cuillères ou fourchettes avant le dessert) et globalement l’ambiance du repas s’est bien assainie. Du côté de Lolotte, l’appétit n’a jamais été un problème, mais elle arrive maintenant à manger son yaourt toute seule (non sans dommages collatéraux bien sûr), et elle s’essuie les mains et la bouche en fin de repas.
Pendant que Nanie engloutit des romans par camions, dont les derniers en Espagnol s’il vous plait, j’entame un livre passionnant de Céline Alvarez sur le développement et les apprentissages des enfants, basé entre autres sur les idées de Maria Montessori. On commence à essayer d’en appliquer quelques-unes pour les activités, par exemple le tri des tailles ou des couleurs, et surtout pour le langage : on décide de parler un langage le plus correct possible devant les filles, sans chercher à simplifier mais au contraire à varier notre vocabulaire et à soigner la construction de nos phrases, en essayant régulièrement d’aider les filles à exprimer le mieux possible leurs idées. C’est un petit challenge, surtout pour moi qui ai plutôt tendance à parler comme un chartier, quand je parle… Mais on en voit déjà les résultats et c’est très mignon ! Une des dernières réflexions d’Oli : « Le citron c’est acide, c’est bon mais quand même c’est pas bon… ». Lolotte, du haut de son année et demie, nous gratifie de mots-phrases d’une précision extrême : « pipipipi ? » = tu fais pipi ? ; « vavavivé ? » = on est arrivés ? ; et on a enfin réussi à comprendre son « cocococoéééé » qui signifie selon le contexte « crocodile » ou « cacahuète ». Et mine de rien, elle commence à baragouiner pas mal de mots dans l’imagier. Allez j’arrête ici la séquence papa gaga.


La prochaine étape est Punta del Diablo. C’est un ancien petit port de pêche devenu une destination touristique assez « roots », rassemblant l’été les backpackers dans ses nombreux bars, puis sur ses plages autour d’un feu de camp avec forfait guitare + djembé, babylone yeah man. La ville est vraiment mignonne, ses petites rues non asphaltées descendent vers la plage face à laquelle se regroupent quelques petits restaurants et bars colorés un peu délabrés. La plage de sable est agréable pour se balader, on y croise quelques petits bateaux de pêcheurs, et on peut aller jusqu’ à une jetée au bout de laquelle on peut s’asseoir sur des gros rochers pour regarder les mouettes et le large.
Nous y sommes allés deux fois, la première ayant été un peu catastrophique niveau météo. Petite bière en terrasse avec beignets d’algues tout en demandant aux filles pour la 10eme fois de la journée, et la 70eme fois de la semaine et la 280ème fois (…), de ne pas aller caresser les chiens errants. Au moins on rentabilise le vaccin antirabique qu’on a fini par faire faire sur les bons conseils de santé voyage à l’hôpital Saint André. Lors de notre deuxième passage, on s’est offert notre désormais traditionnel resto du samedi. Le concept est simple : on déboule dans un restaurant (la victime) avec notre kit bavoir géant + timbales + jouets qui ne font pas (trop) de bruit + couches. Puis on commande le plus rapidement possible pâtes + frites + un truc un peu sympa pour nous, genre un steak ou une salade, en demandant KETSSUP ET NANNONNAIZE MANMAN STILTEUPLAI (à répéter 10 fois environs). Et bien sûr une bouteille de rouge, parfois après une pinte de bière. Commence alors une séance de binge-drinking ayant pour objectif de finir ladite bouteille avant de devoir évacuer les lieux en urgence parce que Lolotte a fini son assiette et hurle parce qu’ « à 22h quand on a 18 mois on doit être au lit, je ne devrais pas avoir à vous le dire ». On essaie quand même d’arriver à l’heure d’ouverture du restaurant pour gêner le moins de monde possible, mais comme me l’a très justement fait remarquer Nanie l’autre jour, les clients potentiels passent certainement leur chemin quand ils voient par la fenêtre un resto envahi par des trolls recouverts de ketchup en train de courir partout, de pleurer, ou de se faire changer la couche sur un coin de chaise par leurs parents ivrognes ! French touch !


Le lendemain (le 27 novembre pour resituer un peu), nous arrivons au Parc Santa Teresa, dernier lieu d’intérêt avant la frontière brésilienne, sur la ruta 9. C’est une très bonne nouvelle parce que nous avons beaucoup entendu parler de ce parc depuis notre arrivée en Uruguay, en bien. C’est un parc naturel protégé, et géré par l’armée, notamment car s’y trouve une forteresse construite au 18ème siècle par l’armée portugaise pour prévenir une invasion espagnole. Nous avons donc visité une partie de ce grand parc le premier jour, notamment des serres dans des beaux bâtiments anciens, des marais abritant des petites tortues, et un promontoire offrant une vue panoramique sur une immense clairière au milieu de la forêt, depuis lequel on peut observer les innombrables espèces d’oiseaux qu’abrite le parc. Nous nous sommes ensuite baladés au milieu d’un espace où on a pu voir quelques animaux de ferme, et surtout nos chouchoux : les carpinchos, les plus gros rongeurs du monde, presque aussi gros qu’un sanglier, plutôt paisibles, avec une tête assez marrante entre le rongeur et le cochon. On a fait un petit asado avec en fond le coucher de soleil sur cette magnifique partie du parc, avant d’être délogés par un militaire qui nous a demandé de nous mettre dans la zone du camping, mais qui a eu du mal à nous laisser partir tellement il était bavard.
Nous avons passés les quelques jours qui ont suivi sur l’une des plages du parc, la Moza, grande plage de sable peu fréquentée hors week end, où nous avons passé quelques journées vraiment géniales à glandouiller-bouquiner sur la plage, faire trempette et des pâtés de sable avec les filles, aller courir sur la plage pendant la sieste des minettes… Et c’est d’ailleurs là que s’est produit quelque chose de tout à fait paranormal : sans raison apparente ni stimulation de ma part, Nanie est partie courir pendant une heure un après-midi. Ceux qui la connaissent mesureront l’étrangeté du phénomène. Elle a même fait un sprint final ! Depuis, elle s’est acheté des chaussures de courses. WTF, n’est-ce pas ?
On a aussi commencé notre grand tournoi de Shotten Totten, notre jeu fétiche (ça se joue à deux et c’est génial on recommande), avec décompte des points sur 18 mois. Et en toute modestie je domine très largement la compétition pour le moment.




Après un passage par Chuy, ville frontalière avec le Brésil plutôt moche, pour faire le plein de duty-free (= bibine), on change nos plans pour la suite. Pour aller en Argentine, on décide non pas de parcourir le centre de l’Uruguay avec ses grandes plaines et ses gauchos (les cowboys, pas les mélenchonistes), mais de retourner à Montevideo par la côte. Essentiellement parce que maintenant qu’on connait un peu la ville, et qu’on y a des contacts, il vaut mieux y faire toutes les petites réparations restantes, notamment le frigo qui continue à s’éteindre régulièrement la nuit. Et puis des terres de gauchos, on en verra plein en Argentine, alors que l’on ne reverra pas de plage avant des mois, et encore moins de plage dont l’eau n’est pas glaciale. Le retour se fait rapidement en roulant exceptionnellement de nuit car nous avons un RDV pour le frigo dès le lendemain matin. On retiendra la pause – repas du soir où on a mangé un chivito pour 2 personnes qui aurait pu nourrir une fanfare entière…

Le lendemain j’amène donc le frigo à Christian, un ami de Julio qui représente la marque Domotic/Electrolux en Uruguay. Après quelques vérifications de bases, on décide de le sortir pour qu’il puisse travailler dessus pendant 24/48h. J’en profite pour foncer voir mon pote Julio qui me donne un coup de main pour parfaire un peu l’isolation de Francisco, et le résultat est comme d’habitude impeccable, on ne s’est jamais posé la question de remettre le chauffage depuis… Tant mieux parce qu’en Patagonie, on risque de quitter les short-tongs-marcel pour sortir les moumoutes de la cale. Il me donne aussi de quoi poser le détecteur de fumée. On s’offre une petite frayeur quand Christian nous apprend qu’il y a deux pièces défectueuses dans ce frigo qui a presque 20ans (mais qui peut aller jusqu’ à 50 selon lui !) : l’une qu’il a en stock, et l’autre que l’on doit faire venir d’Europe, ce qui d’une part nous oblige à trainer autour de Montevideo encore 10/15 jours, et d’autre part va nous coûter plus de 300$US car les frais de douane uruguayens pour les pièces de réparation s’élèvent à 120% du prix de la pièce, lui-même déjà bien élevé. On apprendra plus tard que cette règle peut être contournée dans le cadre de la réparation d’un véhicule étranger. On passe donc une demi-journée à remuer ciel et terre pour trouver quelqu’un qui viendrait à Montevideo ou Buenos Aires pour nous amener la pièce dans sa valise, et finalement le lendemain Christian nous dit qu’il a fini par décortiquer la pièce en question, changer une résistance et que ça marche ! Si nos revendeurs/réparateurs français faisaient la chasse à la résistance morte à chaque panne d’objet électronique je pense qu’on ferait beaucoup d’économies… Mais on en est plutôt à essayer gentiment d’empêcher Amazon de brûler son surplus d’invendus non périssables ! En bon uruguayen, Christian ne nous fait rien payer de plus que le prix qui avait été fixé la veille avant que la pièce soit réparée. Et notre frigo marche enfin ! Christian nous propose même après de venir avec lui, sa famille et son énorme camping-car de 8T, sur la côte passer le week-end. Mais c’est à plus de 300km de distance dans le mauvais sens et pour deux jours avec les filles ça fait un peu juste.
On fait un gros abrazo à Julio, en espérant qu’on croisera d’autres personnes aussi sympa et bienveillantes pendant notre voyage, et on part pour la frontière argentine de Fray Bentos, en s’offrant deux derniers jours de plage-hamac-pâté de sable sur l’un de nos premiers spots, et certainement notre préféré, à Punta Espinillo. On y fait un petit asado le dimanche au milieu de tous les uruguayens, et on y rencontre une bande de copains venus passer l’après midi avec leurs enfants. On prend l’apéro avec eux pendant la sieste des filles, l’ambiance est géniale, on leur pose des questions sur l’Uruguay et ils nous en posent sur la France. Il se vannent sur leurs divergences politiques (Frente Amplio du président sortant VS centre droit du président entrant). Ils boivent une sorte de vin sucré coupé à l’eau dans des gros mugs, et mis à part le fait que ce soit franchement pas terrible comme boisson, on a l’impression de passer une aprèm avec les copains en France et ça fait plaisir !




Le 11 décembre, on se décide enfin à partir pour l’Argentine. Notre objectif sera finalement Bariloche, à plus de 2000km, dans la réputée magnifique région des lacs au nord de la Patagonie argentine, dans la cordillère des Andes, non loin de la frontière avec le Chili. On pensait initialement commencer par Mendoza plus au nord, mais on se dit qu’il faut profiter de l’été qui s’installe pour visiter les régions les plus australes et donc les plus froides.
Les derniers kilomètres uruguayens sont essentiellement marqués par le fait qu’Oli a, pour la première fois, fait caca dans le pot, et Lolotte pipi, et que notre pare-brise s’est « dégondé », assez discrètement dans un coin, par on ne sait quel phénomène. On s’est aussi enfin décidés à aller porter plainte pour le vol qu’on a eu dans Francisco pendant la traversée en bateau, dans le commissariat d’un petit bled, pour lancer les procédures d’assurance. Les policiers sont d’énormes caricatures : malgré la quasi-absence de « client » dans le commissariat, après que j’aie expliqué le motif de ma venue, on m’évite comme la peste, on me fuit du regard, j’ai l’impression que les policiers cherchent à se refiler la patate chaude les uns aux autres. On finit par m’accueillir la mort dans l’âme, voyant que je ne partirai pas (pendant que Nanie s’offre une petite garde seule des filles dans le camping-car surchauffé..). On me dit que ça va être compliqué, que j’aurai dû le faire avant, on se moque de mon nom et de mon accent… Pour détendre l’atmosphère je m’autorise une petite blague qui fait beaucoup rire l’un d’entre eux, qui se met alors à me montrer des vidéos de nanas en string qui jouent au foot, ou de lui en train de remuer son (énorme) ventre en dansant torse nu. Je ressors sonné de cet épisode surréaliste, mais j’ai mon procès-verbal !
On passe la frontière argentine sans aucun problème ni contrôle douanier, et on rejoint la ville frontalière côté Argentin, Gualeguaychu et sa centaine de milliers d’habitants. On y fait les grandes courses à Carrefour (!), on récupère des cartes SIM prépayées argentines, on fait réparer notre pare-brise, on trouve enfin le pneu de bonne dimension qu’il nous manque (Michelin SVP, nous sommes patriotes), et on passe une matinée dans une sorte de parc aquatique très agréable avec notamment deux piscines d’eau thermale où on barbotte avec les filles. Le lendemain soir, un énorme orage s’abat sur la ville, alors qu’on cherche un restaurant-du-samedi. L’ambiance est un peu morne : on vient de se rendre compte qu’on a une fuite dans le camping-car. Pas grand-chose, faut remettre un peu de mastic sur la fenêtre, mais ce soir y en a marre des petits problèmes, on veut se poser !
C’est à peu près à ce moment que, sous des trombes d’eaux, je (pour une fois c’est moi qui conduisais…) m’autorise une marche arrière dans une petite rue, pour demander notre chemin à une dame à l’abri devant chez elle. Et là, BOUM. Je viens de rentrer dans un pick-up. Après avoir arrosé ma petite famille de vulgarités inavouables (heureusement on n’applique plus la règle des 50 centimes par gros mot devant les filles), je sors sous la pluie pour voir l’ampleur des dégâts, dépité. Pas de grosse catastrophe : un peu de plastique cassé du côté du parechoc du pick-up, et une petite fissure dans notre carrosserie en fibre, facilement réparable. C’est une jeune femme qui conduit avec sa mère à côté. Je pense qu’en voyant ma tête elles ont instantanément éprouvé une profonde empathie, et m’ont très calmement expliqué qu’il fallait quand même aller faire un procès-verbal au commissariat juste à côté. Heureusement le policier de garde ce soir-là était beaucoup plus efficace et compréhensif que de l’autre côté de la frontière, et il nous a expédié ça en 30mn, en nous imprimant même un constat français pour mon assurance. Finalement plus de peur que de mal, on est assurés tous risques jusqu’en janvier donc pas de conséquence !




On quitte (fuit) Gualeguaychu le lendemain, et depuis on roule tranquillement vers notre objectif pour les fêtes de fin d’année, sur les grandes routes argentines, sans encombre, mais ce sera l’objet du prochain article !

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